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Qu'est-ce que l'Autriche - Hongrie ?
Voila un empire bien étrange, qui s'est appelé autrefois "Saint Empire romain germanique", et qui a vécu près de mille ans avant de disparaitre corps et biens en 1918.
Essayons de le comprendre en présentant les trois projets qu'il a popursuivi au cours de sa longue histoire :
- Un projet universel : faire revivre l'Empire romain d'Occident.
- Un projet allemand : donner aux peuples allemands un état.
- Un projet danubien : fédérer les peuples du bassin du Danube.
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Document
La lettre de Frantisek Palacky au pré-parlement de Francfort,
le 11 avril 1848
Lors du "printemps des peuples" de 1848, les révolutionnaires allemands organisent à Francfort un "pré-parlement", chargé de coordonner la lutte des peuples de la Confédération germanique pour leur liberté et leur unité, contre les monarchies réactionnaires de Berlin et de Vienne.
Soucieux de s'adresser à tous les peuples, ils envoient une invitation aux patriotes tchèques, et à leur représentant reconnu, Frantisek Palacky.
Palacky refuse, et s'en explique dans la lettre dont nous reproduisons ci-desous un extrait.
"Je ne suis pas l’ennemi de la Russie, pas plus que je ne suis l’ennemi de l’Allemagne; mais je suis l’ennemi d’une domination universelle, que je considère comme funeste au bien général et au progrès. (...)
L'histoire a entassé au sud-est de l'Europe, le long des frontières de la Russie, un groupe de peuples très divers par la langue, les mœurs et l'histoire, Slaves, Roumains, Magyares, sans parler des Grecs, des Turcs et des Albanais; ces tribus, dont aucune n'est assez forte pour résister à leur redoutable voisin, ont mis en commun leur faiblesse, le Danube est le lien qui les rattache les unes aux autres et l'Etat qui les embrasse ne saurait s'en éloigner sans danger; cet État est cependant indispensable à la sécurité de l'Europe et de l'humanité. Sincèrement, si l'empire d'Autriche n'existait pas, il faudrait l'inventer et cela dans l'intérêt de l'Europe, dans l'intérêt de l'humanité…
Pensez à une Autriche qui serait dissoute en une multitude de républiques: quelle base incomparable pour l'établissement par la Russie d'une monarchie universelle! (…)
Si je porte mes regards au-delà des pays tchèques, les raisons naturelles et historiques me poussent à les tourner non pas vers Francfort, mais vers Vienne. C’est là que je chercherai ce pouvoir central capable de défendre la tranquillité, la liberté et les droits de ma nation. (…)Pour le salut de l'Europe, ne laissons pas Vienne tomber au rang d'une capitale de province."